Aperçu avant impression / Surfaces → Studio de design graphique

Contexte

En 2019, l’espace 36 a entamé un nouveau cycle de résidences de création annuelle consacré au soutien au design graphique. C’est dans ce cadre que nous avons été invités par l'équipe de l'espace 36 (Benoît Warzée, Ségolène Gabriel et Marina Grebert) à produire une œuvre, que nous avons présentée en janvier 2020 lors d'une exposition de restitution.

Nous avons profité du 20e anniversaire du renouvellement du projet associatif pour proposer une réflexion sur l’histoire de ce lieu à travers une exploration de ses archives.

Cette recherche a conduit à la création d’un visuel (118,5 × 175 cm) — matrice d'une édition grand format, d'une série d'affiches et de l'ensemble des documents de communication — composé de strates-mémoires du lieu avec l'intuition que l'œuvre et sa communication ne sont que la même extension d'un tout.

Comme souvent dans notre approche, le processus de production est venu compléter et appuyer cette réflexion.

Une œuvre comme matrice

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Couches d'encres et trames utilisées pour la matrice (118,5 × 175 cm) de l'œuvre.

Après avoir mené ces recherches dans les archives de l'espace 36 — et pour y voir plus clair —, nous avons décidé de travailler par strates de données. Chaque teinte correspond alors à une typologie de documents.

Le jaune fluo reprend les archives indirectes (coupures de journaux, articles de blog etc.). Le magenta s’appuie sur les éléments de communication produits par l'espace 36 en mettant en avant la plasticité même des documents (les plis, la pagination, les volumes, les formats). Le vert pastel témoigne d'un reportage photographique que nous avons mené sur place.

Lors de l'une de nos visites, alors qu'une photographie de l'artiste Catherine Duverger était en train d'être décollée pendant le décrochage de son exposition (Les relations urbaines, du 30 mars au 27 avril 2019), un pan de couches de peinture s'est détachée avec celle-ci, révélant une ancienne œuvre murale de Janusz Stega (De Kyoto à Saint-Omer, du 17 mars au 16 juin 2007). Morceau que nous avons récupéré puis intégré à notre matrice par l'ajout d'une encre finale : un vernis qui vient se superposer à toutes les teintes. Une image fantôme témoin de toutes les œuvres passées en ces lieux.

En choisissant de travailler par strates, il nous a paru évident de s'appuyer sur la sérigraphie, technique d'impression par trames et couches superposées, avec nos partenaires de longue date de l'atelier Lézard Graphique à Brumath.

Afin de renforcer ce rapport à la technique, nous avons travaillé une trame d'impression spécifique pour chaque typologie de forme. Ainsi, nous avons utilisé une trame stochastique plus à même de restituer les dégradés de la couche magenta, une trame ronde reprenant le langage formel développé pour la couche jaune. La trame linéaire oblique du vert pastel vient compléter le panel.

Recouvrement pragmatique

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Des couches d'encres noires ont été ajoutées à la matrice pour générer les documents de communication.

Pour la production de ce projet économiquement contraint, nous tenions à nous occuper de la communication de l'événement afin d'en optimiser le processus de fabrication.

Le visuel grand format ainsi dessiné, il suffisait alors de repiquer une couche supplémentaire d'encre noire par document complémentaire pour transformer l'œuvre en supports de communication promouvant l'exposition. Par exemple, l'ajout d'une couche noire "flyers" nous a permis d'imprimer 63 exemplaires par feuille.

Impression

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Impression du projet dans l'atelier du sérigraphe Lézard Graphique.

C'est à l'aide de 10 écrans sérigraphiques (6 pour les encres noires, 3 pour les couleurs et 1 pour le vernis) que nous avons imprimé l'ensemble des documents sur papier dos-bleu. Nous avons profité de l'impression par couches successives pour panacher les encres. Ainsi, le nombre d'encres varie en fonction des feuilles, donnant lieu à des variations colorées pour chaque support imprimé.

Nous avons également profité de l'amalgame (imposition de plusieurs documents côte à côte sur une même feuille afin d'optimiser l'impression) pour faire varier les compositions des blocs de texte. Pour reprendre un exemple précédent, les flyers (14 × 18 cm) existent en 6 itérations différentes répétées et réparties 63 fois sur la surface totale de la feuille (118,5 × 175 cm). Les 1 260 flyers qui en découlent sont donc presque uniques.

Il n'a finalement suffit d'imprimer que 150 feuilles pour obtenir 2 625 cartons d'invitation, 1 260 flyers, 96 affiches A3, 42 éditions, 35 affiches 118,5 × 175 cm et 32 affiches 50 × 70 cm.

Une édition : Spectrographie

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Chemin de fer de l'édition.

Nous avons proposé à Olivier Koettlitz, philosophe, d'écrire un texte autour de ce projet. À la suite d'un entretien mené en août 2019, c'est avec générosité qu'il nous a proposé une série de quatre textes en lien avec nos problématiques (et d'autres qu'il a su déceler dans notre travail). Face à cette prodigalité, il nous a semblé intéressant de concrétiser cela par la production d'une édition ambitieuse.

Il s'agissait alors de continuer notre exploration de l'optimisation de l'impression en transformant la contrainte. Plutôt que de remplir une grande feuille avec un format plus petit défini à l'avance (ex. : Combien de flyers 14 × 18 cm peut-on faire rentrer dans un format Decaux ?), nous avons défini le format de l'édition avec l'idée d'occuper l'ensemble de la surface sans perte. La mise en forme s'est ensuite adaptée à ce choix, jouant avec des typographies oversize permettant une lecture à plusieurs dans un contexte d'exposition.

Ainsi, la matrice originelle a été recoupée en quatre morceaux qui, une fois pliés et encartés, ont généré une édition de 16 pages au format L. 42 × H. 55,75 cm (ce qui reste à ce jour le plus grand objet éditorial que nous ayons conçu).

Variations de l'édition

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Comme l'ensemble des documents le principe de panachage est appliqué aux éditions. Ainsi, il existe 7 versions différentes tirées à 6 exemplaires chacune pour un total de 42 documents.